Chers visiteurs,
Vous trouverez dans cette rubrique la démarches de chercheurs des Savanturiers sur les neurosciences par les CM2 de l’école élémentaire S. Le Prestre de Neuf-Brisach :
Pascal Toscani propose dans son ouvrage « Les neurosciences au cœur de la classe » de découvrir les intelligences multiples de Gardner avec les élèves. Mais cette théorie n’est pas fondée sur des bases scientifiques reconnues. Alors l’intérêt moral qu’elle portait est-il perdu pour les élèves ? Et si la notion d’intelligence était plus compliquée à aborder ?
Dès le début septembre, nous avons abordé avec les 18 élèves de CM2, l’étude du fonctionnement du cerveau : les connections avec les neurones …. En suivant le livret proposé par Pascale Toscani, nous nous sommes ensuite intéressés aux intelligences multiples définies par Gardner. Pour chacune d’entre elles, nous avons essayé de la définir avec nos propres mots. D’abord nous avons travaillé en collectif sur 2 des intelligences. Les élèves se sont tout de suite pris au jeu d’essayer de voir s’il s’agissait d’une intelligence qui était dominante chez eux. Très vite, j’ai senti que ces nouvelles définitions des intelligences leur donnaient un autre regard sur eux et sur leurs capacités. Puis les élèves par groupe ont fait le même travail sur les autres intelligences de Gardner. L’objectif était de faire un affichage simple pour chacune des 8 intelligences avec les mots des élèves comme pour faire une reformulation. En violet, tous les mots essentiels définissant l’intelligence et en vert un mot titre.
Les 8 affiches créées par les élèves sur les 8 intelligences de Gardner.
affiches
Mais il y a quelques semaines, quand Roselyne a expliqué que les intelligences de Gardner n’étaient pas basées sur des preuves scientifiques et que j’ai écouté, grâce à Adeline, les propos de Nicolas Gauvrit, j’étais bien embêté. Mes élèves étaient très impliqués et très investis dans la découverte de cette théorie. J’ai eu beau la semaine suivante changer le terme de « intelligence » par celui de « capacité », l’engouement était toujours aussi fort.
Alors, aujourd’hui, jeudi 17 novembre, le moment fatidique était arrivé. Je devais expliquer aux élèves le peu de réalité scientifique de cette théorie des intelligences multiples et lancer le projet des Savanturiers avec la phase de questionnements !
Nous avons en collectif, rendu compte des différentes affiches en complétant celles qui n’étaient pas assez précises. Et puis il a bien fallu se lancer… Et la réaction a été très forte. La déception immense et les remarques ont fusé sur la responsabilité de ce M. Gardner. J’en ai donc profité pour présenter le projet des Saventuriers que les élèves ont accepté et nous avons donc travaillé sur les questions qu’ils avaient sur l’ ou les intelligence(s). Je ne sais pas si c’est leur déception ou leur envie de revanche mais le nombre de questions a été impressionnant. Elles ne sont pas toujours dans le thème, parfois elles sont explicitement tournées contre M. Gardner, mais elles ont le mérite d’être très variées et parfois surprenantes.
Les questions des élèves sur l’intelligence.
questions intelligence
Nous sommes en pleine période de tri ! Il le fallait bien avec 85 questions proposées.
Nous avons donc classé les questions et nous nous sommes mis d’accord sur 3 types de questions.
Le premier type de questions porte sur la théorie de Gardner. Les élèves ont exprimé leur déception avec ce groupe de questions qui est le plus important.
questions sur Gardner
Le second type de questions tourne autour de la notion d’intelligence.
questions sur l’intelligence
Le troisième enfin est composé de questions sur le cerveau et son fonctionnement.
questions sur le cerveau
Par vote, les élèves ont voulu continuer le travail sur la théorie de Gardner. Il faut croire qu’elle les avait particulièrement touché. J’ai alors du les pousser à ouvrir un peu plus leur champ de recherche en essayant plutôt de travailler sur l’intelligence elle-même.
Cette semaine, nous avons mis en place le carnet de scientifique avec la couverture, la page de garde et la double page sur les intelligences multiples de Gardner.
La séance avant les vacances a été des plus riches pour les élèves ! C’était le moment du choix de la question ! Grâce à la gentillesse d’Isabelle Virard, les élèves ont pu observer le carnet de la chercheur alors qu’ils étaient eux mêmes en train de créer le leur. Encore un grand merci à elle de la part de tous les élèves qui ont été très touchés qu’elle accepte de nous faire partager ses outils.
Ainsi, ils ont accepté en toute confiance et avec pas mal de respect, les conseils qu’Isabelle Virard nous avaient donnés. Les enfants voulaient vraiment travailler sur les intelligences de Gardner mais au vu des remarques de la chercheur, ils ont compris l’intérêt qu’ils pouvaient avoir à travailler plutôt sur la notion de relation entre âge et intelligence. D’ailleurs, en relisant leurs questions, ils ont bien remarqué qu’il y en avait de nombreuses qui abordaient cette idée. Alors bien sûr de façon un peu induite, j’ai réussi à leur faire comprendre que nous avions des amis qui pourraient nous servir de cobayes !!
Donc, nous aurons trois âges à tester : 10 ans avec les élèves, entre 35 et 45 ans avec leurs parents et plus de 70 ans avec les résidents de la maison de retraite avec qui nous avons des rencontres régulières.
La prochaine séance portera sur l’état de l’art. Alors bien évidemment il a été difficile de trouver des documents adaptés à des élèves de 10 ans sur les fonctions exécutives. Mais j’ai finalement dégoté un texte basé sur des éléments scientifiques et qui pourra être compréhensif pour les élèves. Et cette idée d’Isabelle Virard de travailler sur les fonctions exécutives est géniale car quand on lit le texte, il montre bien que ces fonctions exécutives sont aussi importantes que l’intelligence mesurée par le QI. En fait grâce à cela, j’ai bon espoir de retrouver l’enthousiasme et le soulagement que les intelligences de Gardner avaient procurées à mes élèves. D’autant plus que les exemples concrets vont immédiatement leur parler (émotions, organisation, motivation, mémoire, ….). Donc vivement la suite !
Aujourd’hui, nous avons redéfini les 3 fonctions exécutives pour être bien au clair et on a regardé le test du Chamallow ! Un grand moment ! Les connaissances s’affinent !
Deux séances de découverte de la mémoire de travail s’achèvent. Les élèves ont pu se familiariser avec cette fonction exécutive grâce à la BD de Roselyne et grâce à un montage du site Memoaction.
Nous sommes arrivés à la définition :
La mémoire de travail : C’est la petite mémoire courte qui sert à retenir des choses pour, en même temps, faire une action.
Nous avons testé la boucle phonologique et le calepin visuo-spatiale. La prochaine étape sera de découvrir les 3 autres composantes de la mémoire de travail et de décrire des exemples concrets dans le carnet de scientifiques pour passer à la dernière fonction exécutive, celle de notre expérimentation : la flexibilité cognitive.
L’état de l’art se termine tout doucement, le cahier de scientifique s’étoffe. Dans le cadre de la mémoire de travail, nous nous sommes amusés à la tester grâce à différents jeux. Mais nous avons également pris conscience de son importance dans le travail de tous les jours. L’exemple le plus flagrant évoqué étant celui du point à la fin de la phrase qui était oublié alors que tout le monde en classe connait cette règle !
La semaine prochaine, nous abordons la flexibilité cognitive et j’aimerais pourvoir organiser un visioconférence en avril avec notre chercheuse attitrée pour que l’on puisse tous échanger sur cette fonction exécutive qui sera l’objet de notre test.
Le carnet de scientifique s’étoffe. carnet de scientifique NB
Bientôt les tests vont commencer ! D’abord sur les élèves, puis les résidents de la maison de retraite et enfin les parents avec peut-être les grands frères et soeurs. Nous allons mettre en place le protocole d’expérimentation.
Le 3 avril, tous les élèves de la classe ont donc passé le test du tracé. La première étape constituait à relier sur une feuilles les nombres de 1 à 25. La seconde étape constituait à relier les nombres de 1 à 13 en alternance avec les lettres dans l’ordre alphabétique jusqu’à L. Le chronomètre affiché en classe permettait à chaque enfant de pouvoir noter dès qu’il avait terminé, le temps qu’il avait mis en arrondissant à la seconde près.
Les premières remarques et constatations ont été faites immédiatement par les élèves : D’abord qu’ils avaient tous pris plus de temps pour la seconde étape, ensuite qu’ils avaient tous mis de temps différents.
Les tests ont pu commencer lorsque le protocole expérimental a été bien défini et décrit. La première tranche d’âge étant celle des enfants de 10-11 ans, l’expérience a eu lieu en classe avec tous les élèves (20) dans les mêmes conditions définies par le protocole. Pour les trois autres tranches d’âge, le même protocole fait référence mais les tests ne peuvent pas être menés en classe. Chaque élève a donc été chargé (volontaire) de faire passer les deux étapes du test à un membre de sa famille dans deux catégories d’âge : Adulte et Adolescent.
protocole expérimental NB
Pour la dernière tranche d’âge, celle des personnes âges, le test a eu lieu à la maison de retraite toute proche de l’école. Parmi les résidents présents, le test a pu être proposé seulement à 9 d’entre eux. L’un des tests a dû de plus être annulé car la personne avait été victime récemment d’un AVC qui avait détérioré ses capacités cérébrales. L’une des personnes qui avaient 95 ans a pu mené à bien la première étape mais était trop fatiguée pour la seconde. Dans les autres cas, le protocole expérimental n’a pas pu être suivi à la lettre pour trois raisons principales :
– Toutes les personnes présentes (résidents et élèves) étaient dans une seule pièce (réfectoire) avec impossibilité de s’isoler du fait des difficultés de déplacement des résidents et du manque de temps.
– Les fiches avec les tracés étaient trop petites et ne prenaient pas en compte les difficultés des résidents au niveau de leur vue.
– Les élèves responsables de faire passer le test aux résidents ont été amenés à palier leur difficulté en leu apportant une aide dans l’orientation sur la feuille du tracé.
En parallèle, les élèves sont en plein calcul des résultats. Entre écart type (pour lequel il n’y a aucune explication de calcul dans le MOOC) et erreur type, ils abordent des notions qui ne sont pas à leur programme : carré et racine carrée, mais avec un bon accompagnement, les opérations sont en cours et surtout les bilans, remarques et questionnements intermédiaires.
Début des calculs des résultats des tests élèves